« Glorifier le culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion). »
Charles Baudelaire, Mon cœur mis à nu
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Mini panorama
ou petit inventaire, parcours semé d’oublis volontaires, de détours, de curiosités, de découvertes.
Place de la peinture murale dans l’histoire de l’humanité
Partout dans le monde, des histoires parallèles et parfois entrecroisées tissent l’histoire de la peinture murale à travers toute la planète, au fil des siècles.
Les Aborigènes d’Australie l’ont pratiqué pendant des milliers d’années. Les plus anciennes peintures datent de 30.000 ans avant J.C.
L’art aborigène d’Australie possède une tradition ininterrompue d’art rupestre qui se perpétue jusqu’à nos jours.
À propos de l’art pariétal, explorez avec ce petit détour les origines de la peinture murale, la magie de notre regard créateur d’images et découverte de la paréidolie et l’anamorphose.
Le carbonate de calcium a permis au fil des siècles de fixer les pigments de couleur.
A Lascaux, la couleur noire est constituée d’oxydes de manganèse.
Aujourd’hui les peintures sont industrialisées, en pot, en tube ou en bombes et les pigments et colorants d’origine animale, végétale ou minérale sont parfois remplacés par des pigments et colorants de synthèse.
Les Égyptiens ont peint des fresques dans leurs lieux sacrés, les peintres ont décoré les villas à Pompéi.
Les édifices religieux ont fait appels aux fresquistes et aux peintres muralistes pour de glorieuses représentations. Les palais de la Renaissance s’ornent de somptueuses décorations.
Murs et plafonds
La prise en compte de surfaces si particulières et difficiles que sont les plafonds, les voûtes et les coupoles est une des caractéristiques de la peinture murale. Y excellèrent les plus grands artistes, Mantegna, Michel-Ange, Raphaël, Pozzo, Tiepolo, Romano, Veronese et bien d’autres.
Au 15 ème siècle, la perspective est au coeur de la démarche picturale de Pierro della Francesca et de Mantegna.
« Di sotte in su » vu de dessous ou en contre-plongée pour utiliser le langage visuel connu du cinéma.
Quadrattura
La peinture murale est solidaire de l’architecture, elle en est le prolongement et à ce titre, la perspective est son outil pour la troisième dimension.
La quadratura est une technique de représentation basée sur la perpective et souvent l’anamorphose.
À l’époque baroque et rococo les artistes quadraturistes ont collaboré avec les peintres et stucateurs pour créer l’illusion d’ architectures en trompe-l’oeil sur les murs, les voûtes et les coupoles de palais et d’églises.
Ces constructions géométriques savantes sont basées sur les lois de la perpective et requièrent souvent l’anamorphose. L’enjeu pour le quadraturiste est de prolonger l’espace architectural existant par un espace fictif, pictural rigoureusement architecturé souvent en plafond. L’illusion est complétée généralement d’un espace imaginaire, nuages, personnages, chevaux volant au dessus des têtes des spectateurs. La sculpture, les stucs et la peinture sont totalement liés par l’art de la quadrature dans ces trompe-l’oeil architecturaux.
Magnificence baroque
Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770) fut assisté dans plusieurs de ses projets (dont le Palais Patriarcal d’Udine, la Villa Valmarana et le Palais Labia à Venise) par le grand Girolamo Mengozzi Colonna (1688-1766), artiste de la quadratura.
Les peintres de cour de la Renaissance, les peintres militants officiels ou contestataires perpétuent cette longue tradition de la peinture murale.
Diego Rivera
Diego Rivera 1886- 1957
Dans les années 1920 se développe au Mexique autour de la révolution mexicaine le mouvement du Muralisme mexicain avec Diego Rivera, Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros. Le message de cet art public populaire est d’inspiration socialiste.
En France
Thomas Hart Benton
Thomas Hart Benton, peintre américain. (1889-1975) a étudié à Paris à l’Académie Julian où il a rencontré Diego Rivera. Les peintures murales de Benton au lyrisme coloré évoquent la classe ouvrière et l’histoire sociale et rurale des Etats-Unis. C’est sur l’art mural que Benton a misé pour traduire en peinture ses convictions politiques en vue de réformes. ”his personal politics into public art and thus, he hoped, into the realm of national reform”
Beaux lieux et mauvais lieux
Fresques et peintures murales ornent aussi bien les parois des grottes que des plafonds d’églises et de palais, l’habitat privé comme les façades de bâtiments, les paquebots, les parcs de stationnement, les restaurants, les musées, les écoles, restaurants et hôtels, entreprises, les bureaux, les usines, les foires, les salles de garde des hôpitaux, les maisons closes, les lieux de travail, les bâtiments publics, administratifs.
Les Spiegeltents ont été créées fin 19ème, début 20 ème en Belgique d’abord. Cabaret, attraction, musique au programme.
Marlène Dietrich chanta « Falling in love again » dans une de ces Spiegeltents en 1930
Fresques et frasques
Pour les curieux de ces fresques insolite visitez Le plaisir des dieux, site de l’association des salles de gardes
Les panoramas
Au 19ème siècle apparaissent les panoramas, véritable construction destinée à montrer au public des peinture murales panoramiques sur de grands sujets religieux ( Panorama de Notre Dame de Lourdes) ou historiques, scènes de batailles (Waterloo). Un dispositif scénique central permet au visiteur qui y accèdent par le dessous de contempler depuis une rotonde la scène représentée à 360 degrés sur la toile panoramique. Ces attractions eurent un grand succès.
A La Haye, le Panorama Mesdag (14 m de hauteur et 40 m de diamètre) est le plus ancien panorama en état depuis sa création. A Paris, le Panorama Marigny subsiste en tant que bâtiment. Il deviendra le Théâtre Marigny construit par Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris.
J’ai reconstitué à partir de documents photographiques la continuité du Panorama Jérusalem au temps de la Crucifixion du Christ peint par le peintre allemand Elimar Ulrich Bruno Piglhein (1848-1894)
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Graffitis et graffs
Les supports de l’art mural des cavernes aux églises, des palais à la rue
Du mur des cavernes au mur bâti, du mur intérieur de nos maisons au mur dans la cité, mur pignon, voûte, plafond, coupole, escalier, alcôve, couloir, hall, salon, les supports de la peinture murale sont toujours liés à l’architecture.
La peinture murale témoigne des préoccupations de chaque époque et pays, art public ou privé, laïque ou religieux, populaire ou élitiste, jouant un rôle social, voire politique.
Dominique Antony sur l’échafaudage
Peinture murale ou fresque, son support même l’oppose à la peinture de chevalet (peinture bourgeoise, diront certains) et de galeries réservée à un public restreint.
Art populaire, en s’affichant sur nos murs familiers elle touche le public de la rue. Steet art.
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Élie Faure a écrit ce beau texte en 1934:
« Nais-je pas dit, ou fait entendre, que le tableau de chevalet devait rendre au grand art dont il est issu l’hommage d’une disparition aussi rapide que possible, pour revenir à l’impersonnalité réconfortante d’auxiliaire du bâtiment? »
« Art anonyme. Comme au temps des basiliques, des mosquées, des pagodes, de la sculpture rupestre de l’lnde ou du Ho-Nan. Art des mosaïstes, des verriers, des imagiers et fresquistes. Art des ouvriers du bâtiment. Art humble, art sacré que ceux qui ont gardé quelque dignité et quelque amour appellent de leurs voeux. Art qui n’a plus rien à voir avec les expositions, les médailles, les salons, les jurys, les cénacles et les systèmes. Métier heureux et lent du peintre et non plus exhibitionnisme pressé ».
»..ces artistes ne font et ne veulent faire que de la peinture murale, se réclament de l’artisanat, tournent le dos à l’art officiel ».
« Ce n’est donc pas seulement en Occident que l’art en général semble évoluer vers des rythmes architectoniques. En Orient même symptôme,,,,,,,,,,,,,,
« Nous retournons tous, dans le monde, à l’anonymat, comme aux grandes époques, et c’est bien. Nous passons unanimement d’une civilisation individualiste à une civilisation collective – ou si le mot vous gêne? symphoniste, qu’annoncent le retour offensif de l’art populaire et l’action des ingénieurs. , ,,,,,,,,,,,,,,,,,
L’histoire est une série ininterrompue d’alternances qui se présentent à nous sous forme d’intégrations par l’amour et de désintégration par la connaissance. Ce dernier rythme, instauré par la Renaissance, a pris fin, et l’effort d’ensemble, je le pense est sur le point de commencer.»
Elie Faure, Ombres solides 1934
Élie Faure est un historien éclairé de l’art.
Ouvrages essentiels d’Élie Faure:
Histoire de l’art
L’esprit des formes
Fonction du cinéma
« En art, l’explication est superflue. »
Louis Calaferte. Choses dites Le cherche-Midi éditeur